LE PHENOMENE D’ENFANTS SORCIERS EN AFRIQUE OU LA DESTRUCTION DU GENI AFRICAIN PAR LES EGLISES REVEILLEES
De nos jours en Afrique, le phénomène d’enfants sorciers décrétés comme tels par les pasteurs des églises dites réveillées prend des proportions inquiétantes. La dernière histoire sordide du genre date du 20 aout dernier après la libération de son « cachot » où elle a été enfermée par ses parents pendant six longs mois, de la petite Yavé âgée de seulement 10 ans. Accusée de sorcière par le pasteur de l’église que ses parents fréquentaient à Yaoundé où elle vivait avec sa famille, cette gamine sera enfermée et cruellement battue tous les soirs par ses propres géniteurs qui disaient-ils, voulaient la libérer du démon qui l’habitait.
Dans la Région des Grands Lacs par exemple et particulièrement en République Démocratique du Congo, le nombre de « Chégué » (comme on les appelle dans ce pays) va grandissant. Âgés de 5 ans en plus, ces enfants accusées de pratique de sorcellerie, ont étés sous ordre des pasteurs d’églises réveillées chassés de la maison parentale par leurs propres géniteurs, membres de ces églises malveillantes. Ces enfants aux rêves brisés et au destin incertain, n’ont d’autre refuge que les rues de la ville où marginalisés, ils sont victimes de sévices corporels et d’abus de tout genre par le reste de la population.
Sont-ils vraiment sorciers ?
Certains parmi eux à qui on a sans cesse répété d’être sorciers, ont fini sous la pression psychologique, par se convaincre eux même d’appartenir à des cercles maléfiques. Le piteux niveau de pauvreté dans certaines parties de l’Afrique a fait que de nombreuses personnes en quête de stabilité se soient tournées vers les églises donc la majorité est clandestine, afin de trouver des solutions à leurs différents problèmes. Les pasteurs qui s’arrogent de titres pompeux (prophète, apôtre, homme de Dieu…), vivent et se nourrissent de l’ignorance de leurs fidèles, profitent de cet état de faiblesse pour les manipuler. En plus ils ont fait de la culture et de la spiritualité africaine leur champs de bataille avec pour mission principale, l’avilir et créer un fossé entre les Africains et leurs traditions. Tout ce qui sort de leur cadre de compréhension est automatiquement taxé de sorcellerie, de satanisme et pourtant, la science spirituelle africaine n’a même pas encore dit son premier mot.
Comment devient-on sorcier ?
Le Larousse définit la « sorcellerie » comme une pratique magique en vue d’exercer une action, généralement néfaste, sur un être humain (sort, envoûtement, possession), sur des animaux ou des plantes (maladies du bétail, mauvaises récoltes, etc.). Ceci dit, la sorcellerie peut aussi être utilisée à des fins utiles sur un être humain (guérison, désenvoutement, bénédictions…) sur des animaux ou sur des plantes (guérison du bétail, bonnes récolte…). En fait, la sorcellerie qui est une science secrète accessible seulement aux personnes initiées, n’est pas une mauvaise chose en soi, tout dépend de l’utilisation qu’on en fait. Ainsi donc, on peut distinguer la sorcellerie maléfique de la sorcellerie bénéfique.
- Toute personne désirant devenir sorcière, doit impérativement être initiée par un ou plusieurs membres du groupe auquel elle veut appartenir. Dans le cas des enfants, ils sont généralement initiés par leur/s parent/s, surtout la mère qui le/la lui transmet depuis le ventre. Chez les enfants de sexe féminin, cette transmission est très efficace. Après avoir reçu le noyau de la sorcellerie que se conserve dans le ventre, l’enfant sera initié dès son jeune âge à des pratiques auxquelles se livre sa courroie de transmission : sa mère. Dans le cas de la sorcellerie maléfique, les enfants qui refusent cette pratique son très souvent détestés et maltraités dans leur famille nucléaire, surtout utérine.
- Un enfant peut être initié par un proche de la famille : oncle, tante, grands-parents… Ceci relève des fréquentations de sa propre famille.
Toute personnes initiées à la sorcellerie peut s’en débarrasser par l’auxiliaire d’un tradipraticien aguerrie, qui lui aussi est un sorcier, mais bénéfique. La sorcellerie est donc la maitrise des phénomènes ésotériques grâce auxquels on peut influencer notre environnement immédiat et/ou élargie.
Mais sur quels critères ces enfants sont-ils étiquetés comme sorciers ?
- Un enfant têtu,
- Un enfant insolent et irrespectueux envers ses ainés
- Un enfant agité et turbulent
- Un enfant né handicapé (physique ou mental)
- Un enfant surdoué (qui ne se comporte pas comme ceux de son âge)
Voilà donc le diagnostic établi par ces pasteurs d’un autre genre, pour condamner et conduire à la potence un innocent fragile en quête d’encadrement.
«Un pasteur m’a brûlé le corps avec des bougies. Dans une autre église encore, on m’a versé dans les yeux de la sève tirée d’un arbre», témoigne Glodie Mbete, âgée de 11 ans, à Kinshasa.
La têtutesse, l’insolence ou la turbulence chez les enfants est un phénomène naturel. Les enfants sont des êtres au caractère et à l’éducation qui se forgent et s’entretiennent par les parents qui doivent jouer leur rôle. Si la présence des deux figures parentales est très importante dans l’éducation d’un enfant, il n’en demeure pas moins que ces derniers aient besoin d’être encadrés et orientés par eux car, les parents ne sont pas que des figurants dans la vie de leurs progénitures. Les caractères des gamins sont différents d’un enfant à l’autre et il est capital de les comprendre afin de mieux les manager.
Le handicap est un défaut de naissance et s’explique biologiquement (alcoolisme, tabagisme, radiations, MST, IST…). Même si la naissance d’un enfant handicapé peut avoir un rapport avec sa précédente vie (j’en parle dans mon livre Le culte ancestral en Afrique : Le crâne chez les Bamiléké), ces pasteurs sont très mal placés pour assimiler ce manquement physique ou psychique à de la sorcellerie.
Être surdoué relève d’un caractère puissant et élogieux chez un enfant et très souvent, un enfant surdoué dans une famille ignorante est une perte pour la société. La naissance d’enfants surdoué en effet, ne date pas de la dernière pluie bien au contraire, ce fait existait depuis des lustres dans nos sociétés traditionnelles où les anciens, savaient les détecter et les « gérer ». Faut-il rappeler qu’un enfant surdoué est un génie, un esprit venu avec une mission précise (comme tous les êtres humains d’ailleurs) ? C’est pourquoi dans notre Afrique d’avant la salissure, ce phénomène était autant normal que la consommation du vin de palme. Ces enfants nécessitent une attention et un encadrement particuliers mais les pasteurs qui écument nos villes et villages aujourd’hui, ne comprenant que dalle à notre science ancestrale, veulent éliminer les futurs sauveurs de l’Afrique en les transformant en paria. Ces pasteurs du dimanche qui ne méritent rien d’autre que la prison, se basent sur des faits normaux pour créer des problèmes inexistants, avec pour corollaire la destruction des familles et les violations des droits des enfants et par ricochet, de l’homme.
Que deviennent ces enfants rejetés ?
Abandonnés à eux-mêmes, ces enfants sont réduits à demander l’aumône dans les lieux publics, particulièrement les marchés où les fillettes sont parfois contraintes à vendre leur corps dès l’âge de 10 ans, pour survivre à la rudeur de la rue. Quant aux garçons, ils sont exploités pour des travaux difficiles dans des chantiers de construction (casseurs de pierres), ou dans des mines de diamants comme c’est le cas dans la ville diamantifère de Mbuji Mayi (RDC). Plus grands, ils n’ont parfois d’autres choix que de se transformer en braqueurs pour nuire à la tranquillité de cette société qui hier, les a rejetés à la fleur de l’âge. Ils sont aussi très souvent persécutés, et même frappés ou tués en toute impunité. En 2004 dans la ville de Mbuji Mayi, une affaire de viol à conduit à la chasse aux « chégué » qui étaient systématiquement arrêtés, battu à mort et parfois brulés vifs.
Si l’ignorance, la pauvreté ambiante des familles poussent parfois ses membres à rejeter un enfant en l’accusant à tort de sorcier, les pasteurs des églises réveillées y sont pour beaucoup.
Et le gouvernement ?
Dans de telles situations, le rôle du Gouvernement est prépondérant car il DOIT mettre de l’ordre dans cette cacophonie religieuse, en distribuant les rôles ou en mettant chacun à sa place. On constate aujourd’hui que les pasteurs sont devenus tout et rien à la fois : Ils sont de nos jours, prophètes, prédicateurs, voyants, guérisseurs, exorcistes, conseillers matrimoniaux, psychologues, pharmaciens, éducateurs sexuels…
Si le gouvernement refuse de prendre ses responsabilités face à de tels actes aussi graves que de la haute trahison, la société civile doit le faire avec le peu de personnes encore lucides. On a comme l’impression que cette situation moribonde, arrange bien les gouvernements AFRICAINS qui trouvent en ces églises au même titre que les débits de boisson, un bel instrument pour endormir le peuple car UN PEUPLE EVEILLE, EST UN DANGER POUR LES DICTATURES.
Nwambé SIAKE KWEYAP
QUELQUES LIENS UTILS :
- https://www.youtube.com/watch?v=SLpu8B8satY
- https://www.liberation.fr/planete/2010/07/19/afrique-le-business-des-enfants-sorciers_667110#:~:text=Un%20ph%C3%A9nom%C3%A8ne%20urbain,des%20familles%20des%20villes%20africaines.
- https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/en-afrique-les-enfants-sorciers-jetes-a-la-rue-par-leurs-familles_3465989.html
- https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2009-2-page-47.htm
- Nwambé SIAKE KWEYAP [2020], Le culte ancestral en Afrique : le crane chez les Bamiléké, Aubagne, Autres-Talents. ISBN : 978-2-9562996-1-5.